Le musée d’Orsay consacre une vaste et magistrale exposition au peintre Gustave Caillebotte (1848-1894) du 8 octobre au 19 janvier 2025
Près de 144 œuvres permettent de découvrir cet artiste résolument moderne.
Il ne faut pas manquer cet événement !
Bien que l’exposition soit centrée sur le thème “Peindre les hommes”, elle permet de découvrir ou redécouvrir l’art novateur de Caillebotte sous toutes ses facettes.
Pourquoi ai-je choisi de vous parler de Gustave CAILLEBOTTE ?
Pour 4 raisons :
La 1ére parce que sa famille étant originaire de DOMFRONT a croisé la famille LOUVEL et Marie LELANDAIS.( voir https://www.leprixdevertu.com/volume2 )
La 2éme, parce que, passionnée d’histoire locale et de généalogie, il y a de fortes probabilités pour que nous ayons un ou plusieurs ancêtres communs.
La 3éme parce qu’en tant que peintre, j’admire ses œuvres et que j’ai envie de partager sa biographie avec vous.
La 4éme parce qu'en 1899, Julien Salles (maire de FLERS (volume 3) a fait l'acquisition d'un tableau de Caillebotte. (voir https://www.leprixdevertu.com/volume3 )
En remontant la généalogie de Gustave CAILLEBOTTE, j’ai constaté qu’il avait des ancêtres à GER (dans la Manche, tout près de Domfront) J’ai tracé son arbre sur sept générations jusqu’à Bertin CAILLEBOTTE, né vers 1590. De mon côté, j’ai plusieurs ancêtres du même patronyme et du même village : Nicolas Caillebotte né vers 1500 et son fils Guillaume né vers 1530.
Un peu d'histoire :
GER est un petit village de la Manche qui a l’époque comptait 2500 habitants environ, maintenant il n’y en a plus que 850 et il y a de grandes probabilités pour que nous ayons un ancêtre commun. Les « Caillebotte » de GER étaient des laboureurs, mais surtout des potiers car parallèlement à l’agriculture, la poterie est la principale activité, des siècles durant, à l’origine de la renommée de GER au-delà des océans.
Et oui, dès le Moyen Âge, GER est un village de potiers, d’ailleurs à cette époque déjà, les potiers de Ger s'étaient structurés en confrérie.
Cette communauté qui a compté jusqu'à une trentaine de hameaux potiers s'organise sur les plans technique, commercial et social afin d'exploiter les ressources naturelles comme une argile locale exceptionnelle, venant en partie du Domfrontais .
Les potiers utilisent le bois de l'immense forêt de la Lande-Pourrie (celle dans laquelle Marie Lelandais se réfugiait et allait parler à son ami « le chêne » près de l’Orée du Bois- Volume 1).
Cette terre fabuleuse permettait de faire des pots en grès parfaitement imperméables pour conserver les aliments. Ils étaient produits par centaines de milliers au XVIIIe siècle. Ces récipients étaient indispensables pour soutenir l'industrie et le commerce du lait, de la crème et du beurre normands, dans tout l'Ouest de la France et jusqu'au Nouveau Monde.
Généalogie de Gustave Caillebotte
Bertin CAILLEBOTTE, l’ancêtre de Gustave, né vers 1590 et dont je viens de vous parler était un laboureur, potier installé à GER. Son fils, petit-fils et arrière petit-fils travaillaient également la terre, puis arriva à la 4éme génération, Pierre, né en 1730. Il épousa Renée NIARD dont la famille originaire de Caen et Messei s’était installée à Domfront, et probablement grâce à laquelle sa situation changea car on le retrouve dés lors, marchand et bourgeois de Domfront.
Pierre mourut pendant la période révolutionnaire, laissant deux fils : Nicolas et Antoine, tous deux négociants en draps.
Antoine sera donc le grand-père de Gustave CAILLEBOTTE et je l’ai retrouvé dans plusieurs actes avec une profession de « banquier et négociant en draps ».
Antoine eut 4 enfants :
Modeste qui était propriétaire et marchande de nouveautés à Domfront, née en 1795 et décédée en 1873, elle a très certainement connu Louise Armande LOUVEL, Euphrasie LOUVEL, Marie LELANDAIS et Madeleine, qui ont dû aller s’approvisionner chez elle. Elle était la tante de Gustave Caillebotte.
Euphrasie qui a épousé Noël APPERT, marchand et propriétaire à FLERS. Ce qui me permet d’affirmer que les familles LOUVEL et CAILLEBOTTE se connaissaient, c’est que Jacques François LOUVEL, père, était le témoin de leur mariage. ( voir : https://www.leprixdevertu.com/volume2 )
Charles, dont nous ne savons pas beaucoup de choses hormis qu’il était à Paris lors du décès de la seconde épouse de son frère Martial et qu’il est décédé en 1883 à Bayeux (14) où il était dit qu’il était propriétaire.
Et Martial, le père de Gustave, né en 1799 à Domfront.
Martial CAILLEBOTTE
Ce dernier s’est marié 3 fois.
une première fois en 1828, avec Adèle Zoé BOISSIERE, à Paris, où il exerçait alors le métier de commis marchand. Pour lui, l’avenir de ce métier passait par Paris et il était déjà ambitieux, le bougre ! et il comptait bien réussir dans la vie.
Ils eurent un garçon : Alfred qui devint prêtre et une fille Léonie qui mourut en décembre 1836 à l’âge de 6 ans, 4 jours avant sa mère. Que s’est-il passé ? Y a-t-il eu une épidémie en 1836 ? J’ai tout de suite pensé au choléra mais il avait été éradiqué en 1832. Par contre en 1836, il y a eu plusieurs cas épidémiques de maladies vénériennes et de typhus ; ce qui paraît peu probable vu leur niveau de vie…
Veuf, il épousa en secondes noces Eugénie Séraphine LEMASQUERIER à Lisieux dans le Calvados, le 23 janvier 1843.
Il apparaît alors comme négociant. Il avait 44 ans et elle 30.
Pour la petite histoire, Eugénie était veuve depuis moins d'un an. Elle avait épousé François Emery LEPORT de la THUILERIE, rentier, ancien capitaine d’artillerie de la marine, en retraite et chevalier de l’ordre royal de la Légion d’honneur, qui avait 23 ans de plus qu’elle. Malheureusement, il mourut deux ans et demi après leur union, le 26 février 1842.
Eugénie Séraphine se retrouva très rapidement enceinte. On peut imaginer quelle joie cela pouvait être pour elle de devenir mère. Malheureusement, l’accouchement tourna au cauchemar. Le petit Max né le 5 janvier 1843 mourut dès sa naissance et entraîna avec lui sa mère, qui mourut une semaine plus tard. C’était le 12 janvier 1844, un an seulement après son mariage.
Sur l’acte de décès, Martial est administrateur des lits militaires.
De fait, Martial Caillebotte était alors à la tête d’une entreprise de livraison de draps et de couvertures à l’armée. Napoléon III menait à cette époque des actions en plusieurs parties du monde : Crimée, Mexique, Italie, Cochinchine, et l’entreprise « le lit militaire » fournissait les troupes et enrichissait Martial. (voir https://www.leprixdevertu.com/volume3 )
Une grande partie de la famille et des amis de la famille de sa nouvelle épouse était dans l’armée, c’est probablement par cet intermédiaire qu’il a obtenu ce qu’on pourrait appeler maintenant « le marché ».
Trois ans plus tard, en 1847, Martial se remaria avec la nièce d’Eugénie Séraphine, celle qui sera la mère de Gustave : Céleste DAUFRESNE
Céleste a 27 ans et lui 48.
Elle est la fille de Frédéric DAUFRESNE, percepteur à vie et de Céleste Lemasquerier, la sœur d’Eugénie. Mais cela ne fut pas si simple car pour le mariage religieux, il leur a fallu obtenir une dispense de l’empêchement d’affinité du premier au deuxième degré, délivrée par le Saint Siège. Cette dispense a été accordée le 22 septembre 1847 et a permis leur union qui fut célébrée le 21 octobre 1847.
Parmi les témoins de leur mariage, on peut citer un officier de l’ordre royal de la légion et Lebas de Courmont, capitaine de frégate.
(ci-dessus le portrait de Céleste peint par son fils Gustave en 1877, elle se tient dans une pièce de l'hôtel particulier de la rue Miromesnil dont le décor et le mobilier expriment bien l'époque et le milieu social dans la famille)
Martial et Céleste auront trois garçons : Gustave en 1848, René en 1851 et enfin Martial, prénommé comme son père, en 1853.
Dès 1852, Martial Caillebotte, père, fait l’acquisition de plusieurs propriétés, telle qu'une ferme de 15 hectares.
Puis il devient juge au tribunal de commerce de Paris, d’abord suppléant en 1855, puis titulaire. Toujours assidu, toujours appliqué, il n’a cessé de prodiguer de bons conseils et ses actions ont eu pour récompense, au moment de la fin de sa charge en 1862 et sur proposition du ministre du commerce, la remise de la légion d’honneur.
Paris en pleine restructuration par le Baron Haussmann dispose de terrains à bâtir.
Martial, père, acheta donc une parcelle à l’angle de la rue de Miromesnil et de la rue de Lisbonne pour y faire construire un immeuble de 3 étages que la famille habitera ensuite.
Comme tout riche parisien, il est indispensable de posséder un pied à terre à la campagne afin de faire profiter à sa famille du grand air et des distractions : la chasse principalement pour René, les bains et le canotage en rivière pour tous les garçons.
Le 12 mai 1860, il acheta une propriété à Yerres aux héritiers de Madame veuve Biennais.
C’est une vaste propriété de 11 hectares.
(Juste en aparté : Martin Guillaume Biennais était l’orfèvre de Napoléon 1er. C’est à lui que l’on doit la couronne de laurier que porte l’empereur lors de son sacre, celle que l’on voit dans le tableau de David immortalisant l’évènement.)
Bien que le déroulement de la vente se fasse dans les règles de l’art (à l’extinction de la 3ème bougie), c’est une vente qui se déroule entre cousins. Et oui : une des filles de Mme Biennais a épousé un Pinson de Valpinçon et la première épouse de Martial, Adéle Zoé, avait pour mère une Pinson de Valpinçon.
En examinant tous ces renseignements, on peut aisément imaginer que Martial a fait preuve de
suffisamment de finesse pour se tailler une place au sein de la haute bourgeoisie, tout en étant assez astucieux pour bien gérer ses revenus.
Gustave CAILLEBOTTE
Mais revenons à Gustave, qui fait son entrée au sein de cette famille aisée le 19 août 1848.
Gustave Caillebotte deviendra un peintre de renom, mécène influent des peintres impressionnistes, et laissera une empreinte indélébile dans le monde de l'art.
En 1857, il entre au lycée Louis le Grand de Vanves
En avril 1869, à 21 ans, il obtient le «diplôme de bachelier en droit ».
Le 6 juillet 1870, cela fait tout juste 20 jours qu'il a obtenu sa licence en droit et le voilà mobilisé dans la garde nationale mobile de la Seine.
Il participera à la défense de Paris pendant la guerre franco-prussienne.
Ironie du sort, il a probablement dormi dans des couvertures vendues à l’armée par son père, le fournisseur officiel des couvertures de l’armée française, qui, grâce à cette guerre voyait encore augmenter considérablement sa fortune.
En mars 1873, Caillebotte est admis au concours des Beaux-Arts, mais n’y reste qu’un an.
C’est à cette époque qu’il rencontre Claude Monet, l'un des peintres fondateurs de l'impressionnisme français.
Le 3 novembre de la même année, son frère Martial est admis au Conservatoire national de musique à Paris.
(Jeune homme au piano peint en 1876, dont le sujet est Martial Caillebotte)
Il y étudie le piano avec François Marmontel et l'harmonie avec Théodore Dubois.
Martial compose de nombreuses pièces pour piano, quelques œuvres pour orchestre, ainsi que de la musique religieuse dédiée à son demi-frère Alfred, curé.
Ses mélodies, dans la veine d'Ernest Chausson ou de Camille Saint-Saëns restent pour la plupart inédites et manuscrites.
Sa position est largement éclipsée par l'écrasante influence de son aîné Gustave, avec qui il partage presque tout.
Sa prédilection reste tout de même la photographie.
Dès 1872, Gustave commence à peindre de nombreuses vues de la région. Il est notamment inspiré par la beauté de la propriété d'Yerres et par le Paris haussmannien.
En peinture comme en photographie, les frères Caillebotte mettent donc en lumière leurs centres d'intérêt communs, restituant ainsi les multiples facettes de leur environnement.
Il sont tous deux les témoins privilégiés des transformations urbaines de Paris, et font de l'animation des rues parisiennes l'un de leurs sujets de prédilection.
Leur intérêt pour les activités de plein air les pousse également à représenter voiliers, canotiers et baigneurs.
Par ailleurs, ils portent un regard tendre et parfois amusé sur leurs proches, illustrant leurs tranquilles occupations familiales dans un cadre de vie intime. Déjeuners, parties de cartes, promenades, canotage, et lectures rythment les journées et sont autant de thèmes chers aux deux frères.
Martial Caillebotte père décède le 24 décembre 1874, à l'âge de 75 ans, laissant en héritage deux millions de francs à partager entre sa veuve et ses enfants.
Il lègue également plusieurs immeubles de rapport à Paris, des fermes, des obligations et des titres de rente sur l’État.
Céleste Caillebotte, conserve la propriété familiale d’Yerres (Essonne).
La vie continue tout de même a être douce, sans problème ni besoin financier Résidant toujours avec leur mère, ils partagent leur temps entre la villa d’Yerres et l'immeuble de la rue Miromesnil
Ils passent leurs étés à faire du bateau, chasser et jouer au billard.
René, le deuxième de la fratrie, meurt subitement (d’un possible suicide) le 1er novembre 1876 à seulement 25 ans.
Ses frères sont profondément affectés par cette perte. Cependant, un nouveau drame les frappe lorsque leur mère décède à son tour en 1878.
Gustave et Martial décident alors de tout vendre, l’hôtel particulier ainsi que la propriété d’Yerres.
Ils héritent donc d’une fortune considérable. Grâce aux ventes, ils n’ont aucun souci financier et peuvent vivre à l'abri du besoin tout en se consacrant à leurs nombreuses passions, notamment à la peinture pour Gustave. Les deux frères inséparables décident de s’installer au 31 boulevard Haussmann.
(photo de Martial à gauche et Gustave, à droite)
Lorsque Martial se marie à la très religieuse Marie Minoret en 1887, ce dernier achète un appartement juste en face de celui de Gustave.
Cependant, Marie interdit à Martial de fréquenter son frère, dont elle désapprouve les mœurs légères.
De la vie privée de Gustave, nous savons peu de choses. Officiellement célibataire, il a vécu avec son frère jusqu’au mariage de ce dernier.
Ce n’est que vers l'âge de 35 ans qu'il trouve une compagne, de quinze ans sa cadette, avec qui il vit discrètement dans une propriété au Petit Gennevilliers.
Connue sous le nom de Mademoiselle Charlotte Berthier, elle s'appelait en réalité Anne-Marie Hagen, représentée ci-dessous dans le tableau intitulé "femme à la rose"
Cette vie en concubinage choque la belle-sœur de Gustave, mais cela n'empêche pas les deux frères de rester proches et de continuer à partager leur passion pour le yachting, plus ou moins en cachette.
Certains critiques d'art ont avancé que la relative absence de vie sentimentale de Gustave Caillebotte, associée à l'homo-érotisme (je cite), perceptible dans ses œuvres dominées par la figure masculine et son goût pour représenter les corps masculins en plein effort ou dénudés, a toujours suscité des interrogations quant à son orientation sexuelle.
Ils prennent pour exemple un beau portrait peint par Caillebotte, peu connu, celui de son ami Richard Gallo. L’homme barbu, en redingote, est assis virilement dans un fauteuil, toisant sans un sourire le peintre mais dont le regard semble le dévorer. On sait peu de choses de ce fils de banquier qui exerça diverses professions, si ce n’est que lui et Caillebotte étaient grands camarades. Ils s’étaient connus à l’université, vivaient à Paris dans le même quartier. Leur amitié se prolongea quand le peintre partit s’établir en lointaine banlieue. Il se trouve que Richard Gallo est la personne la plus représentée dans l’œuvre de Caillebotte, jusqu’à sept fois dont plusieurs en étant nommé dans le titre donné à ses peintures.
La rareté de ses nus féminins au regard de l’abondance des représentations masculines et leur sensualité perçue comme immorale, ainsi que certains indices trouvés dans certaines peintures comme par exemple dans
Le Pont de l’Europe (1877), où la femme est en retrait et le regard du bourgeois pointe vers les fesses du jeune ouvrier aux joues rosies ; sans parler de la queue dressée du chien (comme totem phallique), ou encore l’homme nu à sa toilette ont encouragé à une lecture queer de l’œuvre de Caillebotte.
Mais là était tout le talent de ce grand artiste qui a participé pleinement à la redéfinition d'un nouvel idéal masculin
Pour faire taire ces rumeurs, voici un tableau qui remet ces critiques en question :
"femme nue sur un divan"
En 1875, son tableau « Les Raboteurs de parquet »
est présenté au Salon (prestigieuse manifestation artistique parisienne). Contrairement à Courbet ou Millet, Caillebotte, bourgeois aisé, n’introduit aucun discours social, moralisateur ou politique dans son œuvre. Malgré la précision de cette œuvre qui le classe parmi les réalistes les plus accomplis, le tableau est refusé par le jury, car le sujet "heurte par son extrême quotidien"
L’historien de l’art, Éric Darragon précise que « cet échec a dû heurter les convictions de l’artiste et le confirmer dans une opinion déjà acquise à la cause d’un réalisme indépendant. Il va devenir un intransigeant lui aussi et ne reviendra plus devant les jurés. »
Ce serait cet échec face au jury du Salon qui aurait poussé Caillebotte à exposer aux côtés des impressionnistes dès1876.
Il représentera « Les Raboteurs de parquet », puis « Jeune homme jouant du piano » , « Le Déjeuner », « Jardin», « Après déjeuner » et « Jeune homme à la fenêtre ».
Cette exposition a incité le critique et romancier Edmond Duranty à écrire son essai historique, « La nouvelle peinture », qui préconisait fortement la représentation réaliste de la vie urbaine moderne.
En 1877, Caillebotte permettra la réussite de la troisième exposition impressionniste, grâce à son aide financière.
Il y présente ses grandes toiles urbaines, témoignant de sa vision unique de la ville moderne comme
« Rue de Paris, temps de pluie » (aujourd’hui exposée à l’institut d’Art de Chicago),
Gustave Caillebotte avait un regard unique de la ville en pleine transformation. et aimait peindre les boulevards redessinés par Haussmann.
Son regard se perdait dans les longues perspectives des rues, évoquant la modernité et l'expansion de Paris à cette époque.
Il savait utiliser la perspective pour créer une profondeur et une réalité saisissantes dans ses œuvres, que ce soit dans ses scènes urbaines ou rurales.
On dit alors de lui qu'il est un virtuose de la perspective.
Cependant, Zola qualifie ses sujets urbains, rendus avec un réalisme photographique de "propret" et "bourgeois" parce qu'il trouve leur réalisme trop soigné, trop ordonné, manquant "de rugosité" et "d'émotion brute". Zola préfère des représentations plus crues et directes de la réalité et voit dans les toiles de Gustave une certaine distance par rapport à la vraie vie quotidienne moins parfaite. Cela reflète aussi les thèmes de Caillebotte, souvent centrés sur des scènes de la bourgeoisie parisienne renforçant l'impression d'un art tourné vers une classe sociale aisée.
Gustave, par son génie réussit à exploiter la subjectivité de son regard, qui distingue la peinture de la photographie, pour représenter le réel sous des points de vue nouveaux.
Les vues plongeantes depuis son balcon, telles que "Boulevard vu d’en haut" (1880), en sont de saisissants exemples.
Les peintures rurales de Caillebotte montrent également une influence marquée par le style de ses amis impressionnistes, Claude Monet et Camille Pissaro. Ce style particulier est appelé "la touche rétienne" car elle capture l'effet immédiat de la lumière sur la rétine.
Cette influence stylistique, combinée à sa maîtrise de la perspective, élément central de son art, forment sa signature artistique distincte.
Le talent de Gustave Caillebotte fut longtemps méconnu, souvent éclipsé par son rôle de « mécène éclairé ». Toutefois, il jouit d'une reconnaissance précoce aux États-Unis, où il est l'un des premiers grands peintres français à être exposé régulièrement et où il rencontre un vif succès. 10 de ses toiles seront exposées à l'American Art Association de New York en 1886.
C'est dans ce pays que se trouvent aujourd'hui nombre de ses toiles, aussi bien dans des musées que dans de grandes collections particulières.
Un de ses tableaux intitulé « Jeune homme à sa fenêtre »,
a été acheté pour 53 millions de dollars par le musée Getty de Los Angeles, sous prétexte que c’est un chef-d’œuvre du réalisme urbain moderne du XIXe siècle et qu’il est considéré comme le plus important tableau de l’impressionniste français.
C’est son frère René qui est représenté de dos et qui regarde à la fenêtre de l'hôtel familial de la rue de Miromesnil en direction du boulevard Malesherbes.
René mourra quelques mois après la réalisation de cette toile baignée d'une certaine mélancolie
Le 21 février 1894, frappé par une congestion cérébrale, Gustave meurt alors qu’il travaillait dans son jardin. Il n'avait que 45 ans.
Ses funérailles eurent lieu le 27 février en l’église Notre-Dame-de-Lorette à Paris.
L’église, pourtant vaste, est si remplie que certains amis du peintre doivent suivre la cérémonie depuis le porche.
Il sera inhumé au cimetière du Père-Lachaise , dans la 70e division, non loin du grand peintre Eugène Delacroix, et dans la chapelle funéraire familiale ; celle que son père Martial avait achetée en 1873 et dans laquelle il avait fait transférer les corps de ses 2 premières épouses et de ses enfants disparus.
La perte de Caillebotte affecte profondément les impressionnistes, qui perdent à la fois un protecteur et un grand ami.
Pissarro écrit à son fils Lucien : « Nous venons de perdre un ami sincère et dévoué. En voilà un que nous pouvons pleurer ; il a été bon et généreux et, ce qui ne gâte rien, un peintre de talent."
Gustave Caillebotte n'ayant pratiquement pas vendu ses toiles et n'ayant pas non plus eu d'enfants, c'est sa nièce Geneviève, fille de son frère Martial, qui a hérité d'une grande partie de son œuvre ; ses descendants possèdent encore près de 70 % de ses toiles.
Par l'entremise de son frère Martial et d'Auguste Renoir, dont il avait fait son exécuteur testamentaire, Caillebotte lègue sa collection de tableaux impressionnistes à l'État.
En France, c'est à partir des années 1990 que le grand public commence à apprécier pleinement son génie. Les rétrospectives de ses œuvres se sont multipliées, témoignant de son importance dans l'histoire de l'art.
Aujourd'hui, plusieurs de ses tableaux sont exposés au musée d’Orsay à Paris, confirmant sa place parmi les maîtres de l’impressionnisme.
Gustave Caillebotte avait réussi à capturer l'essence de son époque tout en ouvrant de nouvelles voies à l'expression artistique
C’est pour cela qu’il restera l'un des fondateurs du courant « réaliste »
Julien SALLES, le maire de FLERS dans l’Orne (voir volume 3 du roman historique "Le prix de vertu" - Marie LELANDAIS) était collectionneur d’art. Parmi les tableaux qu’il a légués au musée de Flers figure une œuvre de Gustave CAILLEBOTTE : « Boulevard Haussmann, effet de neige »
(voir : https://www.leprixdevertu.com/volume3 )
Martial Caillebotte avait fait don de ce tableau à la vente organisée par Claude Monet et ses amis, au lendemain de la mort de Sisley, en vue de venir en aide aux enfants de l'artiste.
Nous pouvons supposé que Marie Lelandais a admiré cette oeuvre dans la galerie privée de Julien Salles.
Ci-dessous, la dernière photo de Gustave prise par se frère Martial
"Gustave Caillebotte et Bergère sur la place du Carroussel - 1892"
DECOUVREZ LA SAGA HISTORIQUE :
"Le prix de vertu / Marie LELANDAIS de Guylaine BISSON
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